La dominance chez le chat : un mythe à déconstruire

Un concept humain inexact

Depuis des décennies, le terme « dominance » est régulièrement utilisé pour expliquer certains comportements félins en cas de foyer multi-chats : un chat qui bloque le passage d’un autre, qui mange en premier, ou qui « impose sa loi ». Pourtant, cette interprétation repose sur une vision hiérarchique inadaptée à l’espèce féline. La notion de dominance provient des études sur les animaux vivant en groupe sociaux structurés, comme les loups. Ces espèces établissent des hiérarchies fixes, avec des dominants et des dominés. Mais ce modèle ne s’applique pas à Felis Catus (notre chat domestique) qui est à l’origine une espèce solitaire et territoriale.

Pourquoi la notion de dominance ne s'applique pas aux chats ?

En éthologie, la dominance désigne une relation sociale stable et contextuelle entre deux individus d’une même espèce, où l’un a un accès prioritaire à certaines ressources (nourriture, reproduction) sans agression répétée. 

Chez certaines espèces sociales vivant en groupe structuré, comme les loups ou certains primates, des hiérarchies peuvent émerger de façon stable.

Le chat n’a pas de structure sociale fixe ni de chef ou de subordonné. Dans la nature, les chats évitent les conflits et occupent chacun leur territoire. Lorsqu’ils vivent en groupe c’est uniquement si les conditions (ressources et espace suffisants) (par exemple : colonie de chats libres) le permettent. 

Ces groupes ne fonctionnent pas selon une hiérarchie. Les relations sont individuelles, contextuelles, et souvent évitantes. Plutôt que de se battre pour asseoir une autorité, les chats préfèrent éviter les conflits en usant de signaux subtils, de distances sociales et d’organisation spatiale.

Que veulent dire les comportements dits "dominants"

Dans un foyer multi-chats, un individu peut empêcher un autre d’accéder à une ressource, l’en déloger, effectuer des marquages plus prononcés sur ses humains, des surfaces ou des textiles, mais cela ne signifie pas qu’il est le “chef”. Pour le dit “soumis”, il va s’agir souvent de stratégies d’évitement ou de gestion du stress ou simplement d’une individualité différente, plus tranquille et moins « marqueur ». Les chats qui vivent ensemble vont devoir passer entre eux “des contrats”, un peu comme un bail entre colocataires. 

Ces comportements doivent être interprétés dans leur contexte précis, en tenant compte de l’histoire individuelle du chat, de son état émotionnel, de la configuration du lieu de vie et des interactions avec les autres membres (humains et animaux).

Appliquer le concept de dominance au chat peut conduire à des erreurs d’interprétation et de gestion : croire qu’un chat “cherche à dominer” peut amener à punir ou contraindre, au lieu d’identifier la véritable cause du comportement. 

Pourquoi faire appel à un comportementaliste félin ?

Les problèmes de cohabitations félines sont fréquents dans les foyers multi chats. L’arrivée d’un nouveau congénère peut également mettre à mal un équilibre installé. Du point de vue de l’humain, cela est souvent source de stress, d’inquiétude, d’incompréhension, de tensions ou encore d’attitudes mal adaptées pour chercher à désamorcer des situations considérées comme “conflictuelles” entre les félins. 

Votre chat déloge son congénère de l’arbre à chat, mange avant lui, “prend” son panier, l’empêche de passer. Non, ce n’est pas de la dominance mais du marquage plus accentué chez l’individu. C’est ce qu’on appelle la position d’occupation de l’espace. Chez l’autre, ce peut être une manière d’éviter le conflit et/ou un besoin de sécurité plus accentué. 

Votre chat a des conduites agressives (sans blessures bien sûr) avec son congénère, griffe, mord …. Non, il n’est pas méchant, non vous ne devez pas prendre systématiquement la défense de l’autre, punir le “vilain” ou les séparer. Cela peut renforcer les tensions et plonger le plus “cool” dans du stress. Plus globalement, cela rompt la communication et empêche les chats de passer leurs “contrats”. 

Vous l’aurez compris, tout est une question d’individualité, de gestion spatiale et donc de ressources disponibles, de compréhension des signaux félins, de “bonnes” attitudes humaines.

L'approche du comportementaliste félin

➡️ Comprendre l’origine du comportement : stress, frustration, ennui, hyper-attachement, pathologie, conflit territorial…


➡️ Évaluer l’environnement : répartition des ressources, qualité des cachettes, possibilité d’évitement

➡️ Observer les dynamiques inter-individuelles : y a-t-il évitement, tensions, compétition silencieuse ?


➡️ Proposer des ajustements : enrichissement, nouvelles routines, modifications spatiales, changements de posture humaine.

Le tout dans une approche bienveillante et individualisée, où chaque chat est respecté pour ce qu’il est, et où la cohabitation se construit sans contrainte ni punition, mais par adaptation mutuelle.

Conclusion

Parler de dominance chez le chat est non seulement inexact, mais potentiellement délétère.

Loin d’être un animal hiérarchisé, le chat est un fin gestionnaire d’espace, d’émotions et d’évitement. Le rôle du comportementaliste est d’accompagner pour construire ou restaurer un équilibre permettant une meilleure cohabitation féline et un retour d’harmonie humain(s)/chat(s).

+33 6 09 64 16 38

chatmedit@gmail.com

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